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Le nord du Québec de plus en plus vert, observe la NASA

June 6, 2016

Publié le 04 juin 2016 à 00h00 | Mis à jour le 04 juin 2016 à 00h00

Charles Côté, La Presse

Une étude de près de 30 ans de données satellitaires publiée par la NASA montre que le nord du Québec est la région d’Amérique du Nord où la végétation a le plus réagi au réchauffement du climat.

L’étude satellitaire de la NASA utilise pour la première fois à l’échelle continentale les données à haute résolution (30 mètres) des satellites Landsat. Elle confirme les résultats d’autres études qui ont porté sur des régions plus petites ou utilisé des données à plus faible résolution.

Et à l’échelle continentale, le nord-ouest du Québec ressort très clairement comme une zone très verte, où la végétation a beaucoup changé entre 1984 et 2012.

« Le verdissement le plus remarquable de la toundra est survenu dans le nord-est du Canada, particulièrement au Québec », affirme-t-on dans l’article publié dans la revue Remote Sensing of Environment.

« Le climat se réchauffe et l’Arctique se réchauffe plus vite qu’aucune autre région sur la planète », dit Jeffrey G. Masek, chef du Laboratoire des sciences de la biosphère, au centre Goddard de la NASA, en entrevue avec La Presse.

L’article mentionne qu’un examen plus détaillé d’une zone du Québec montre que la végétation le long d’une rivière, composée de forêt, n’a pas changé, alors que la toundra autour a verdi.

 « Les plantes de la toundra réagissent rapidement au réchauffement, explique M. Masek. On pense que cela a un lien avec le prolongement de la saison de croissance et la disponibilité plus grande de l’azote. »

Plus au sud par contre, dans la forêt boréale, les images satellitaires ne montrent pas de tendance au verdissement sur le continent.

« D’autres études tendent à démontrer une augmentation des incendies de forêt, et notre étude permet de corréler les images satellites avec l’historique des feux. On voit aussi une corrélation en Colombie-Britannique avec les infestations d’insectes.

« Donc nous voyons une réponse [au réchauffement] dans les écosystèmes d’arbustes et d’herbes, mais pas dans les forêts. »

« FRAPPANT »

Selon Christian Messier, titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Hydro-Québec sur le contrôle de la croissance des arbres, les changements observés par satellite confirment les observations du terrain. « La végétation de la toundra devient plus dense et verte, dit-il. Mais on est loin de voir des arbres venir s’y établir. On parle surtout de végétation qui était déjà là et qui pousse mieux. »

« Intéressant, et surtout visuellement frappant, note pour sa part Alain Bourque, directeur général d’Ouranos, consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques. Les gens sur le terrain se sont nettement aperçus que l’herbe devient des arbustes et les arbustes deviennent de petits arbres. »

Pour M. Masek, l’étude permet de confirmer l’utilité de l’imagerie satellite pour observer les effets des changements climatiques. « On se demande comment les écosystèmes vont réagir sur la planète, et l’Arctique est comme le canari au fond de la mine », dit-il.

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