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Un « super » El Nino comme en 1998?

January 5, 2016

La NASA rapporte que le phénomène El Nino qui bouleverse actuellement les conditions météorologiques un peu partout sur le globe pourrait être semblable à celui de 1998, qui fut l’un des plus importants.

Selon les images satellites récupérées par la NASA le 27 décembre dernier, la situation est étrangement similaire à celle de 1998, année de la crise du verglas.

L’indice? Une hausse anormale du niveau de la mer dans l’est de l’océan Pacifique révèle une épaisse couche d’eau chaude, typique d’un « super » El Nino.

« Bien que la hausse du niveau de l’eau était plus importante en 1997, l’aire recouverte par la montée des eaux cette année est beaucoup plus étendue. Cela veut dire que nous n’avons probablement pas encore atteint le pic d’El Nino », explique le scientifique Josh Willis de la NASA.

Le scientifique précise que l’ouest du Pacifique a connu une diminution d’environ 20 centimètres de sa couche d’eau chaude, alors que celle de l’est a gagné 25 centimètres et elle continue d’augmenter.

El Nino, en bref

  • Le phénomène survient tous les deux à sept ans, alternant avec La Nina, son contraire;
  • Essentiellement, c’est un phénomène naturel qui survient lorsque les températures de surface de l’océan Pacifique se réchauffent durant une période plus longue que d’habitude en raison du changement de direction des vents qui soufflent l’air et l’eau chaude de l’ouest du Pacifique vers l’est
  • Le changement de température provoque des tempêtes qui condensent et retiennent l’air chaud au-dessus de cette région, déjouant du même coup les courants d’air, tels que celui du courant-jet.

Rappelons que la crise du verglas de 1998 qui a privé des milliers de foyers d’électricité pendant plus d’un mois au Québec était en partie causée par le super El Nino de cette même année.

Une rue de Montréal en pleine crise du verglas, en 1998.
Une rue de Montréal en pleine crise du verglas, en 1998.  Photo :  PC/ROBERT GALBRAITH
Des conséquences partout sur le globe

Ainsi, El Nino amincit la couche d’eau chaude qui entoure l’Australie et l’Indonésie et épaissit celle de l’est des tropiques. Cela réduit dramatiquement les précipitations qui ont normalement cours en Asie et en Indonésie, ce qui a provoqué plusieurs feux de forêt cette année.

L’Inde a aussi été frappée par des vagues de chaleur intense, retardant les précipitations tant attendues de la mousson. En Australie, El Nino a accéléré le blanchiment des coraux, déjà lourdement touchés par le réchauffement climatique.

En Amérique du Sud et en Afrique du Sud, les inondations et les ouragans ont atteint des records cette année.

Partout sur le globe, les conditions particulières du phénomène El Nino ont déstabilisé la culture du riz, du café, du blé et plusieurs autres, causant une augmentation des prix à la consommation.

El Nino, favorable pour la Californie?

Aux États-Unis, les impacts les plus notables devraient se faire sentir au début de l’année 2016. Le sud du pays devrait être relativement frais et humide pour les prochains mois alors que le nord sera plus chaud et sec. Bien que les scientifiques ne puissent pas prédire exactement le moment de ces impacts, la Californie attend impatiemment les températures plus humides prévues par El Nino.

« Les réservoirs d’eau sont à leur minimum dans l’Ouest américain et les aquifères ont dangereusement diminué », déclare le climatologue de la NASA Bill Patzert. Selon lui, nous nous préparons à voir le renversement du cycle de l’eau, soit l’arrivée de fortes précipitations de pluie et de neige.

Sécheresse en Californie
De nombreux champs sont en jachère forcée dans la Central Valley californienne.  Photo :  ICI Radio-Canada/Y.Dumont Baron

En 1983 et en 1998, deux années El Nino, le sud de la Californie avait reçu le double des précipitations qu’elle reçoit normalement. Toutefois, le climatologue se fait prudent. « Les gros phénomènes El Nino sont irréguliers et remplissent seulement 7 % des réserves d’eau de la Californie », selon M. Patzert.

Il ne faut pas se réjouir trop vite, selon lui, car « on pourrait voir apparaître le phénomène La Nina l’été prochain, ce qui renverserait la tendance des effets attendus d’El Nino ».

La Nina est notamment associée à une diminution de l’humidité de l’air, ce qui entraînerait au final une diminution des précipitations.

Ici Radio-Canada.ca

Mise à jour le mercredi 30 décembre 2015 à 12 h 15 HNE

Pour accéder à l’article: http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/science/2015/12/30/001-phenomene-el-nino-2015-1998-nasa.shtml